Qu'entend-on par thérapie "brève" ?

 

  • Postulat 1 : une partie de notre histoire demande réparation 

Partons de l'hypothèse que tout comportement est une tentative d'adaptation par notre psyché au monde qui nous entoure. Cette tentative est plus ou moins performante, plus ou moins efficace, élaborée dans l'urgence pour ce qui est des traumas, sur un laps de temps plus long en ce qui concerne notre rapport au monde.

Nos comportements sont en soi des actes créatifs élaborés à partir de notre matière propre (bagage génétique, éducation, contexte familial et social) et avec les outils que nous avons acquis dans notre expérience de vie.

Le facteur temps joue un rôle prépondérant dans la mécanique comportementale : chacune de ces adaptations se met en place à un instant T et ce avec les moyens à disposition à cet instant précis. Si nous prenons en compte qu'à chaque seconde notre base de données évolue, alors un choix de comportement effectué, même inconsciemment à cet instant T ne sera peut-être plus pertinent une seconde plus tard ! Qu'en sera-t-il une heure, un jour, un an après ?!

C'est là que l'aspect réparateur de la thérapie peut intervenir.

 

  • Postulat 2 : Il semblerait qu'il existe un décalage temporel inhérent au fonctionnement de notre psyché

(Ce décalage à été mis au jour par les recherches menées par Benjamin Libet, chercheur en neuro-biologie / 1916 - 2007 - Voir son livre "l'esprit au-delà des neurones")

Il se passerait environ une demi-seconde entre la réception d’un stimulus et sa conscientisation. Ce laps de temps, relatif à l’atemporalité en vogue dans l’inconscient, pourrait se traduire en heures, jours ou années dans notre vie consciente ! Voire, et c’est là une possible re-lecture du concept de "névrose", nombre de réponses comportementales se mettent en place si rapidement (notre inconscient traiterait l'information à la vitesse de 400 milliard mb/s, et notre conscient... aurait une capacité de traitement de 2000 mb/s) qu’elles ne sont pas conscientisées et fonctionnent de manière autonome… jusqu’à ce que l'on pose de la conscience (donc du sens) dessus.

 

  • De l'action thérapeutique

L'action thérapeutique visera donc, dans un premier temps, à conscientiser, puis à ré-évaluer nos « créations adaptatives » mises en place dans le passé, au regard de notre situation présente.

Dans un second temps, il s’agira de reconnaître la valeur et la pertinence des réponses passées car celles-ci, bon an mal an, nous ont permis de vivre jusqu’au présent !

Viendra ensuite le temps de proposer de nouvelles réponses qui prendront en compte tous les apprentissages devenus ressources depuis lors.

 

  • De la "brièveté"

Les thérapies dites "brèves" ont vu le jour dans la deuxième moitié du XXe siècle, parallèlement à l'accélération de nos modes de vie occidentaux et étayées par de nombreuses découvertes liées au développement des neuro-sciences et à l'étude des comportements humains.

De mon point de vue, si labourer le champ de notre psyché en permanence ne permet pas aux graines du changement de pousser et de voir le jour, la croyance qu'une problématique ancrée depuis des décennies se résoudrait en trois séances resterait de l'ordre de la pensée magique. La question serait plutôt de savoir quel temps nous nous accordons pour prendre soin de nous, combien de temps nous nous offrons pour faire la paix avec une (ou des) partie (s) de notre histoire qui nous gratte (ent)… et le temps de choisir, autant que faire se peut, ce que nous aimerions voir pousser dans notre champ.