Le temps est un concept développé par l'homme pour appréhender le changement dans le monde. Le questionnement s’est porté sur sa « nature intime » : propriété fondamentale de l'Univers, ou plus simplement produit de l'observation intellectuelle et de la perception humaine ? La somme des réponses ne suffit pas à dégager un concept satisfaisant du temps. Mais l’examen minutieux de chacune d’entre elles et de leurs relations apportera d’intéressantes réponses. Toutes ne sont pas théoriques : la « pratique » changeante du temps par les hommes est d’une importance capitale (Wikipedia).
C’est aussi une question de culture !
Dans presque toutes les cultures humaines le locuteur se représente avec le futur devant et le passé derrière lui. Ainsi en français on dit « se retourner sur son passé », « avoir l'avenir devant soi ». Cependant, le peuple Aymara inverse cette direction du temps : le passé, connu et visible se trouve devant le locuteur alors que le futur, inconnu et invisible, se trouve derrière lui. Dès lors qu’un peuple s’intéresse à l’avenir, toutefois, cet ordre intuitif s’inverse : on attend du temps qu’il nous apporte le moment suivant.
Comment ça marche dans notre cerveau ?
Entre le moment où nous percevons un événement inconsciemment et le moment où notre conscient reçoit l’information, il s’est déjà passé environ une demie-seconde pendant laquelle notre cerveau a déjà fait une sélection dans ces informations pour n’en garder qu’une partie.
Ensuite, les événements ne sont pas stockés en temps que tels (unité) mais éclatés dans les centres mémoriels dédiés à chaque sens. Chacun de ces centres ne retient que ce qui est chargé en émotion car c’est à la charge émotionnelle que notre inconscient reconnaît ce qui doit être conservé.
Quoiqu’il arrive, se souvenir, c’est reconstruire
Lors de cet éclatement, le lien de sens (donner du sens est une fonction du conscient) n’est pas conservé. Il sera « re-construit » à chaque évocation du souvenir, et la partie créative de l’inconscient se chargera de re-créer du lien entre chaque élément mémorisé.
A chaque fois que nous évoquons un souvenir, c’est tout un travail de récupération et de reconstruction qui s’opère dans notre esprit.
C’est pourquoi lorsque deux personnes ont vécu le même événement, elles le restitue de façon différente parce que leurs filtres émotionnels sont différents. Leurs mémoires n’auront pas sélectionné les mêmes éléments sensoriels.
Comment se servir de cette mécanique mémorielle pour s’approprier son Temps ?
« Au regard de l’exactitude, de la véracité des faits, ces modifications apportées par la mémoire constituent un inconvénient. Mais l’éclatement en fragments est intéressant, dans la mesure où l’on peut reconstruire l’événement en jouant volontairement sur l’équilibre entre les diverses parties de l’engramme, par exemple en diminuant les ressentis négatifs et amplifiant les positifs, en déplaçant certains événements … » (J. D. Paoli)
Ceci devient possible avec la technique dite des « sous-modalités »
Les sous-modalités
Les sous-modalités sont les éléments, les composants de base, d’une représentation sensorielle.
Ces éléments nous aident à coder nos expériences, à nous remémorer et à planifier, et font partie intégrante du fonctionnement de notre cerveau. De petites modifications dans la structure d’une expérience subjective suffisent souvent à apporter un changement utile en terme de signification et de ressenti.
Les pères de la PNL (Tad James , Wyatt Woodsmall et R.Bandler) ont travaillé sur la plasticité de nos représentations du temps, qu’elles soient sensorielles, visuelles ou auditive. et sur le fait que celles-ci, une fois « représentées», deviennent aussi modifiables.
L’état hypnotique étant un état particulier où justement l’inconscient réassocie, réorganise les comportements, remet des souvenirs en perspective, sera idéal pour jouer avec ces sous-modalités.
Mais laissez-moi vous fournir maintenant un exemple clinique qui illustrera peut-être plus clairement le travail envisageable sur la ligne du temps :
« Mme X était dans une situation où un malaise récurrent l’empêchait systématiquement et de façon quasi automatique d’avancer vers ses objectifs, provocant des sentiments de frustration, d’impuissance et de colère.
Sans rentrer dans le détail des événements de sa vie, je lui demandais de dessiner face à elle une ligne qui représenterait le temps – Elle trace une ligne allant de gauche à droite, son passé se situant à gauche et le futur à droite. Puis je lui demande de se placer sur sa ligne du temps à l’endroit qu’elle estime être le présent – Elle s’y place, regardant vers le ‘futur’, le passé dans son dos.
A partir de ce moment je vais proposer à Mme X de poser des éléments de sa temporalité autour d’elle : son petit déjeuner – Elle le pose à la hauteur de sa main gauche, est presque devant elle. Je la fais remonter dans son passé quasiment jusqu’à sa naissance en posant dans l’espace plusieurs événements considérés comme des jalons.
Puis je l’interroge sur le futur. Curieusement elle a du mal à le visualiser : c’est flou, ça disparaît et il y a un vide entre elle et ce qu’elle considère comme étant le futur.
Je lui demande alors comment elle voit le présent qu’elle me dit collé à elle.
Je lui propose de mettre des couleurs dans ces différents espaces temporels : le futur est diaphane et sans consistance, difficile à percevoir, légèrement coloré de bleu ; le présent est, pour autant qu’elle puisse le voir, dans des nuances de jaune, mais un jaune fade…
Et le passé : c’est une tache marron, qui la contourne par la gauche et s’étale en partie devant elle. Elle se rend alors compte que c’est cela qui l’empêche de voir le futur distinctement. Elle replace alors l’élément du passé sur lequel elle a la main (son petit déjeuner) derrière elle, et lorsqu’elle refait le point sur les couleurs, elle s’aperçoit que la coulée marron est maintenant complètement derrière elle, et que du coup un chemin s’est ouvert / créé devant elle, il est vert (son inconscient a fait de lui-même le mélange des couleurs entre le jaune de son présent et le bleu de son futur) ; le jaune du présent est devenu plus lumineux… et elle fait spontanément un pas en avant ! »
Une petite action sur un élément de la représentation mentale du temps de Mme X a modifié l’ensemble de la structure inconsciente de cette représentation. Elle a dans la foulée modifié les affects qui étaient liés à cette structure. Mme X a commencé à mettre ses objectifs en œuvre immédiatement et avec facilité. C’est le souvenir même de ses difficultés antérieures qui paraissait flou à présent. »
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