Si les outils facilitent notre rapport à la matière, ils ne sont rien sans la main qui les utilisent.
J’utiliserai ici le mot outil pour spécialité. Une métaphore que j’emprunte à mon expérience de sculpteur et de restaurateur de meubles, à ma vie d’avant… L’outil lui-même demande à être « intégré », jusqu’à l’oubli de sa présence, pour que l’ouvrier puisse exprimer son talent librement et avec élégance.
J’ai aussi remarqué que les outils, tant qu’il ne sont pas oubliés, peuvent devenir des freins à la relation : c’est comme vouloir faire passer, absolument, le fil de la relation par le chat étroit d’une aiguille trop petite. Résultat, la relation s’effiloche avant même d’exister. Il me semble que nous devons à nos patients/clients d’être dans la présence (à nous même, à ce que nous sommes), avant que de tenter de bricoler avec nos outils. "Etre" avec nos forces et nos failles, nos connaissances et notre ignorance,et aussi (surtout peut-être) avec notre adaptabilité et notre créativité. Peut-être même qu’à travers cela, nous devenons le meilleur outil dont on puisse rêver, toujours changeant, plastique, adapté parce qu’adaptable.
J’adore m’apercevoir à posteriori que je me suis servi d’une gouge plutôt que d’un ciseau, parce que c’était l’outil le plus pertinent à ce moment précis, dans cette relation particulière...
©Lambert B. Trévidic - Mai 2023