Cherchant une métaphore pouvant parler des ressources de notre inconscient lors d’une récente séance avec une de mes patientes, m’est soudain revenu une partie de la trame de ce conte collecté par les Frères Grimm : l’histoire du nain Tracassin.

La jeune fille du conte est enfermée dans une pièce remplie de paille qu’elle doit filer pendant la nuit et transformer en fil d’Or (sous peine, si elle échoue, de perdre la vie. Mais ceci est une autre histoire…). Devant l’apparence inextricable de cette tâche, et au vu de l’enjeu qui en découle (vie/mort), la jeune fille se désespère, et c’est à ce moment qu’un nain apparaît et lui vient en aide : pendant son sommeil, il file pour elle toute la paille en fil d’Or. Au matin la tâche est réalisée !


Voici ce que je vois dans cette parabole :

Comme la jeune fille du conte, nous sommes parfois confrontés à des objectifs qui dépassent largement nos capacités « conscientes » : la tâche imposée à la jeune fille semble juste totalement impossible ! La pièce dans laquelle elle se trouve est entièrement remplie de paille : la taille, le volume de la matière à transformer sont énormes. Le temps imparti rend la tâche d’autant plus impossible à réaliser, et la nature de la transformation (changer de la paille en Or) finit de bloquer la situation : c’est une impasse pour la logique consciente… 

Apparaît le nain : un être encore plus petit (en apparence) que la jeune fille, difforme qui plus est (et certains trésors se cachent parfois sous une apparence inquiétante et/ou repoussante, ce qui leur donne peut-être encore plus de valeur ? Mais cela aussi pourrait être une autre histoire…), et c’est lui qui va œuvrer à démêler, en la “filant”, cette masse de paille brute en un fil d’or  !


Pour ce faire, un pacte va lier ces deux êtres très différents : la belle jeune fille et le nain difforme. Pendant que celle-ci dort, le nain va effectuer pour elle cet énorme travail de transformation, et elle ne pourra ‘voir’ comment il fait.


Imaginons un instant que le nain soit l’image, le symbole de notre inconscient. 

Il semble petit (et difforme) à notre conscience, mais recèle, si on lui laisse le champ libre (après que le « conscient » ait capitulé, « laché prise » ?) et qu’on lui indique clairement l’objectif, associé à des valeurs fortes (ici : la vie et la mort, mais ce n’est qu’un conte ;)), d’une capacité de travail phénoménale (la pièce est remplie de paille), et plus encore d’un grand talent pour transformer (changer de point de vue ?) une réalité en une autre (de la paille en Or !). 


Il y a dans cette histoire, à la fois une belle illustration de nos ressources inconscientes, mais aussi de la manière dont le conscient et l’inconscient entrent en relation, n’est ce pas ?


A suivre…